2 - Le prof
Patrice
Sabeomnim* Patrice Le Guerroué-Drévillon
âgé de 59 ans, il est pratiquant d'arts martiaux coréens depuis 1988 et enseignant depuis 1998
*Sabeomnim de Seonmudo (사범님 ) : Maître, celui qui transmet
Au début compétiteur :
1991 : Champion PACA de Taekwondo
1991 : 1/4 finales championnat de France de Taekwondo
Puis enseignant de Taekwondo, de Hapkido et self-défense :
1998 : Brevet d’État d’Éducateur Sportif 1er degré
2011 : DEJEPS en perfectionnement sportif
Enfin instructeur en Seonmudo après une une formation de 3 ans auprès de Popsanim (Maître, celui qui sait) Frédéric Foubert :
2013 : Brevet d'Instructeur de Seonmudo
Patrice est plusieurs fois ceinture noire en Taekwondo, Hapkido et Seonmudo ;
CN 1er Dan de Hosin-Hapkido en 2011
CN 1er Dan de Hapkido en 2014
CN 3è Dan de Seonmudo en 2022 (Sabeomnim (사범님 ) : Maître, celui qui transmet, le plus haut gradé en Europe est Popsanim Foubert, 6è Dan)
CN 5è Dan de Taekwondo en 2023 (Soo suk sabeomnim (수석 사범님 ) : Maître, chef instructeur, le plus haut gradé en France est 9è Dan)
(CN = Ceinture Noire)
Octobre 2022 : remise des diplômes et ceintures de troisième Dan par les Maîtres Foubert (à droite) et Beilé (à gauche)
Juin 2023 : INSEP avec le Grand Maître de Taekwondo Claude Jurca au centre
INSEP, juin 2023, avec mon ami et complice de Seonmudo, Hapkido et Taekwondo : Arnaud
2015, remise du diplôme de deuxième Dan par le Maître Hyegak Kim
2013, lors du passage du premier Dan devant le Grand Maître Jeog Un Seol,
Appelez-moi mili-Maître !
juin 2023
Quelques (35) petites années de pratique d'arts martiaux coréens, quelques petites fractures et autres entorses (chevilles, genou, côtes, poignet, doigts...), licencié dans quelques (8) clubs, depuis le Judo club toulonnais, 4 clubs créés, dont le Dojang londais et l’École Varoise de Seonmudo), Quelques dizaines de stages techniques.
Quelques mois de préparation intensive (physique et théorique) depuis décembre 2022.
Quelques instants de pur bonheur le samedi 24 juin 2023 en stage à Paris à l’INSEP avec des Grands Maîtres coréens.
Quelques instants de pur stress le dimanche 25 juin, encore à l’INSEP, comme si j'étais un petit gamin se présentant devant un jury composé de géants effrayants.
Quelques heures d’examen en faisant des erreurs théoriques, des gaffes, fautes techniques et autres bourdes de débutant qui me faisaient dire "c'est mort...".
Quelques minutes d'attente de l'annonce du résultat et de l'appel de mon nom. Et enfin quelques larmes aux coins des yeux en comprenant que je l’ai réussi ! mon examen de cinquième dan de Taekwondo !!!
Quel que soit mon âge et le grade recherché, ça aura toujours été la même démarche, les mêmes émotions.
Futilité que tout cela ? Car finalement à quoi ça me sert d'aller passer un Dan, de me mettre tout seul en difficulté sans que personne ne m'y ait poussé ? Curieusement, je ne me pose cette question qu’un mois après, parce que ce fameux dimanche 25 juin 2023 c’était plutôt « mais qu’est-ce que je fous là put… ?! Dire que je pourrais être tranquille à la plage ! ».
A quoi ça me sert ?
J’entretiens mon corps en me faisant plaisir ! Grâce à l’adrénaline du stress en situation difficile, en combat ou en self-défense ; grâce aussi à l’endorphine pendant et juste après l’effort ; grâce à l’ancrage dans le présent, ici et nulle part ailleurs sinon rien ne marche ; grâce à l’activité physique qui me maintient en forme et repousse le seuil de douleur de mon arthrose (cervicales, lombaires, hanches; prothèse de hanche annoncée pour 2024) et me permet de réaliser encore des techniques "de ouf" (pour quelqu'un de mon âge bien sûr ;-) )
A quoi ça me sert ?
Un an avant, en juin 2022, j'échouais à l'examen de troisième Dan de Seonmudo, pour le réussir finalement en octobre.. J’apprends donc à accepter l'échec. Alors que j’ai la prétention d’être assez bon et d’en savoir suffisamment, je prends le risque de tomber de mon piédestal en m’exposant au jugement d'un jury qui me montre mes faiblesses, mes imperfections et mes ignorances,
A quoi ça me sert ?
Je m’ancre donc dans le présent, je progresse pas après pas, sans préméditer les examens de Dans qui se présentent à moi et pas le contraire. En étant conscient qu'atteindre la perfection et en conserver la maîtrise "ultime" sont illusoires.
A quoi ça me sert ?
Je cultive l’envie d’en apprendre toujours un peu plus. Les grands Maîtres ont bien raison : avant la ceinture noire on est « débutant », à partir de la ceinture noire on devient « étudiant ». Malgré le chemin parcouru, je sais bien peu de choses en comparaison de ce qu’il me reste à découvrir. Auprès des Maîtres, chaque stage technique apporte son lot de découvertes. En cours, mes élèves bousculent mes certitudes.
La traductions de Sabeomnim (사범님 ) en Seonmudo est "Maître, celui qui transmet".
Maîtres et élèves m'encouragent à étudier encore et toujours, pour tenter de mieux maîtriser mon art, sur le plan technique, théorique, culturel ou social. Avec cette démarche je ne peux pas avoir d’autre objectif que continuer sur ce chemin entamé il y a 35 ans, sans savoir où il va me mener ni ce que l’avenir me réserve, et sans rien attendre d'autre que le plaisir de pratiquer, d'apprendre et de transmettre.
Pascal Commain, prof de Taï-Chi nous l’a dit en 2018 : savourer cette approche de la pratique est jubilatoire. J’espère partager cette jubilation avec mes élèves.
Alors ? Futile ou pas futile ?